Skip to main content
Coronavirus : l’e-commerce, est-il le grand gagnant de cette crise sanitaire ?

Jonathan Vidor est le président fondateur de JVWeb, une PME montpelliéraine partenaire de Google qui accompagne les e-commerçants dans le développement de leurs plateformes.

L’e-commerce, ou commerce en ligne, est-il le grand gagnant de la crise sanitaire liée au coronavirus ? La fermeture des magasins a-t-elle poussé les Français à se ruer vers les sites de vente en ligne ? Depuis le début de la crise, l’e-commerce a vu ses ventes grimper de 15 %.

 

Tous ceux qui ont réussi à s’organiser poursuivent leur activité. Ceux qui avaient des stocks trop petits ne vont pas tenir. Ceux qui doivent faire face à un nombre de retraits importants de leurs salariés. Notamment dans les entrepôts qui gèrent les préparations et les expéditions. En matière de logistique, le niveau de fonctionnement va de 50 % à 70 %. Les horaires de travail ont été aménagés pour éviter aux équipes de se croiser. Le point le plus sensible reste la situation chez les transporteurs. De même chez les sous-traitants. Ainsi, Mondial Relay, qui travaille avec les commerçants, a dû fermer ses activités. Il n’y a plus de livraisons. À l’inverse, La Poste et Colissimo continuent de livrer.

Comment se comportent les ventes des différents acteurs de l’e-commerce ?

Globalement, sur la première semaine, elles sont en baisse de 20 % à 30 %. Les sites de mode ont vu leurs ventes baisser. Pour les Français, ce n’est pas une priorité. Les sites d’équipements pour les entreprises sont à l’arrêt. Les entreprises ont d’autres priorités. Pour les sites dédiés au tourisme, c’est la catastrophe. Leur activité a chuté de 90 %. MSC Croisières, un de nos clients, a bien lancé quelques réservations pour Noël, mais les gens n’en sont pas encore là. Les sites de petites annonces ont, eux aussi, vu leur activité s’effondrer. Je pense que, pour eux, ce sera bloqué pour plusieurs semaines.

En revanche, il y a des sites qui explosent. C’est le cas de la puériculture. Il y a des produits que les parents ne peuvent plus acheter en magasin pour les enfants. Les gens se sont rués dans les magasins, qui n’ont plus de stocks. Or, les besoins sont quotidiens. L’e-commerce alimentaire en ligne a lui aussi explosé. Les drives ont vu leur activité croître de 300 %. D’autres sites, comme Pourdebon, une place de marché de producteurs, c’est + 1 000 % sur la première semaine. Ils bénéficient de la saturation des sites des drives. Le site Lescommis, qui propose paniers-repas et des recettes pour cuisiner, a plus que triplé son activité.

La situation de l’e-commerce est donc elle aussi difficile ?

Pas forcément. Elle a été plutôt difficile durant la première semaine de confinement. Les gens avaient d’autres priorités, ils devaient avant tout s’organiser. Mais on s’attend à un changement total de situation sur cette seconde semaine, celle qui débute. On s’attend à voir des sites, comme ceux dédiés au sport, connaître un regain d’activité. Les ventes de baskets pour le running semblent se développer. C’est un achat de saison, avec le retour des beaux jours. Sauf qu’avec la situation actuelle, les gens ont besoin de plus bouger. Les sports d’intérieur ont aussi la cote. Comme les tables de ping-pong pour la maison. Les gens vont avoir besoin de trouver des activités pour se dépenser. On pense également que les sites proposant la mode vont repartir. Les Français sont désormais captifs, ils ont consacré la première semaine à s’organiser. Ils vont maintenant avoir plus de temps pour surfer sur le Net et faire des achats. Parce qu’ils ne peuvent plus aller dans les magasins.

Beaucoup pensent que l’e-commerce s’est lui aussi arrêté.

C’est exactement ce qui s’est passé. Les gens pensaient que, comme les boutiques et autres commerces non-essentiels, les sites d’e-commerce étaient eux aussi à l’arrêt. Et qu’on ne pouvait plus commander, ni livrer. Comme ils se rendent compte que ce n’est pas le cas, on va voir certainement, à partir de cette semaine, un regain de commandes.

Il reste néanmoins le problème de la livraison.

Des privés comme UPS continuent leurs activités. Certains de nos clients négocient des contrats avec des transporteurs et livreurs privés pour faire face à l’arrêt de leur système de livraison habituel. Il est évident que la situation actuelle rebat les cartes de la livraison.

Pensez-vous qu’Amazon est en situation de force ?

Comme pour l’or et d’autres biens, les gens fonctionnent par des valeurs refuges. Aujourd’hui, comparé aux sites qu’ils ne connaissent pas, Azamon constitue, à leurs yeux, une valeur refuge. Ils savent que s’il y a un problème, il sera réglé. Qu’ils seront remboursés. Globalement, mis à part les polémiques, les gens sont globalement satisfaits de la qualité des services du géant américain. En revanche, Google est le grand perdant. Son modèle économique s’appuie sur la recherche des gens via son moteur. Comme les gens cherchent moins à acheter, comme les publicités sont moins attractives à l’heure actuelle, Google va voir ses revenus baisser. Un groupe comme MSC Croisières a arrêté ses campagnes sur Google.

KARIM MAOUDJ